
Pendant un temps, et c’est magnifique, la Lune n’a « pas de visage », et « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».
Mais elle ne cesse pas d'exister, pas plus que le Soleil, mais revient dans toute sa splendeur. Elle meurt au corps et renaît, apportant avec elle la conscience. (À l'intérieur des grottes aussi, son corps, son sein de la Terre et son énergie, l'œuvre d'art attend d'être illuminée, laissée à la parole de ceux qui savent : les Super-chamans, les Vénus, les Artistes. C'est un Chant qu'Homère, les anciens Égyptiens et les civilisations de la Crète antique, influencées par le féminin, connaissaient, et qui remonte aux foyers paléolithiques, et même plus loin, car la vie entrait dans la vie par Elle, son Esprit et son Corps éternels, l'incarnation même de l'Univers.)
Lorsqu'elle perdit son Être, lorsqu'elle fut retirée de la Bible, elle entra dans une phase très sombre, un temps d'inconscience, mais de profonde douleur, et d'un Univers inconnu. Dans la mythologie grecque antique, avant les Chants éternels d'Homère, lorsque Pénélope part avec Ulysse, quittant l'ancien monde de guerre et de conflit symbolisé par Sparte et son père, et celui d'Hélène, la belliciste, symbole féminin de l'ambition à tout prix et de l'ascension sociale égoïste par simple apparence, Pénélope, « la bobine » autour de laquelle sont tissés les Chants, couvre son visage d'un voile, le voile de l'éternité et de la transformation, comme la Lune dans le ciel nocturne, se couvrant et s'enfonçant dans l'obscurité d'une « nouvelle lune », un commencement obscur, pour accéder à la pleine illumination du Soleil.
Elle lui offre en retour une lumière nouvelle, comme on le verra à travers sa nouvelle identité : divine, créatrice et révélatrice du divin. Auparavant, dans ce monde de guerre, elle était complètement occultée, la Lune, son corps transformateur oublié, négligé, mal jugé, et sa lumière avait cessé d'être perçue. Les ténèbres n'avaient plus d'illumination, plus de transformation, plus de métamorphose, plus de renaissance ; plus d'apothéose, plus d'espoir.
Tout était orienté vers la moralité de la souffrance comme forme de contrôle, pour anéantir le pouvoir de son corps et de son Être. La Lune cessa d'exister dans l'esprit endurci socialement, même son attraction sur les océans et le corps. C'était un monde de mort, de meurtre et de déclin. Il prospérait grâce à l'esprit vide de l'argent et des objets matériels éphémères. C'était un monde de choses superficielles, donc superflues car dépourvues d'Être. Le féminin et tout ce qui s'y rapporte étaient superflus, considérés comme sans valeur. Les Anciens savaient que lorsque les firmaments ne s'ouvrirent plus aux Poètes, fermés par ceux qui ne gardaient que des trésors rituels inutilisables, fermant les cieux, ils savaient qu'ils devaient les rouvrir et laissèrent des clés squelettes dans les grottes et dans les Chants.
Il ne s'agit pas d'une doctrine « imposée », mais du fonctionnement même des choses. L'art rouvre la voie, et ce, de façon miraculeuse, en éveillant les consciences. S'il n'y parvient pas, il n'est que le chant des sirènes, répétant l' Iliade du monde guerrière et les récits fallacieux du passé, cherchant à maintenir chacun dans cette spirale infernale.
Il est tout à fait acceptable de se démasquer un temps, à l'image de la Lune, afin de se transformer pleinement et d'embrasser la plénitude de son Être. L'humilité est une vertu. Elle libère et permet d'Être. Pénélope doit se retirer dans sa « chambre » pour un long séjour. Il s'agit de voyager entre l'éternité et le corps, d'en revenir pleinement consciente, rayonnante du Divin de sa Source et de son Être, et d'ouvrir ce trésor ancestral. Et parce qu'elle s'immerge pleinement dans cet être entre l'Être et son Corps désormais sacré, elle prend conscience de sa véritable nature et, par ses pouvoirs créateurs, elle peut recréer le corps terrestre de son époux, le Soleil, Ulysse de retour. Et, par sa nouvelle identité, elle le restructure lui aussi, divinisé par sa nouvelle illumination.
Après le meurtre d'Osiris, perpétré par jalousie, Isis lui insuffle une nouvelle vie en le ramenant dans son corps, doté d'une identité nouvelle – illuminée par elle – révélant ainsi sa nature divine. En retour, cette illumination divine lui confère la structure sociale sur Terre : elle est conscience, nouvelle vision du monde ; lui, roi, reçoit cette identité nouvellement éclairée par son intermédiaire, sa nouvelle place dans l'univers. Leur enfant, l'héritier, Horus, est alors compris comme son être terrestre et son être divin. La déesse/l'Être – par sa capacité à créer de l'éternité, et non à partir d'un moi limité – rouvre le divin, incarné et transformé, et ils atteignent la pleine illumination.

